#MAVOIX et les médias reloaded

Depuis deux ans, #MAVOIX tient la même ligne de conduite avec les médias : pas de porte-parole, pas de communiqué de presse, pas d’interview, pas de personnification, juste l’incarnation : des femmes et des hommes de chair et d’os, nous incarnons chacun dans nos vies quotidiennes et sur les réseaux sociaux cette idée à notre manière, fidèlement à ce que nous sommes : le « je » au service du « nous ».

Et depuis deux ans, toujours les mêmes interrogations : « mais vous êtes fous » « mais vous n’y arriverez jamais » « il faut absolument faire parler de vous, allez vers tel ou tel média, approchez tel ou tel influenceur, youtubeur… ».

Pourtant, il y a plein de raisons à ce choix qui fait partie de l’ADN de #MAVOIX depuis le 1er jour et constitue une part essentielle de notre identité. Cette question se pose depuis le début.

La toute première réunion avait à peine commencé (alors que personne n’avait encore bien compris en quoi consistait #MAVOIX) que déjà la question fusait : “alors qu’est-ce qu’on fait avec les journalistes ?”.

Cette question est la plaie de notre époque. On n’a pas encore bossé, qu’on se pose déjà la question du plan de com et de monter des conférences de presse. C’est humain, c’est partout, mais ça en dit long sur la maladie de notre époque.

Les gens font des trucs pour que les médias en parlent. Alors qu’il faut faire des trucs parce que ça a du sens pour nous. On ne fait pas les choses pour les vendre aux autres, on les fait pour nous parce que c’est crucial. Et il se trouve que si c’est juste, ça raisonnera aussi pour les autres et qu’on avancera ensemble.

Le bouche à oreille est mille fois plus puissant que d’envoyer des communiqués de presse ou de harceler les journalistes, comme ils le font tous. Ne rien demander. Faire. Et si c’est unique, si c’est inédit, si c’est profond, les journalistes en parleront.

Un grand nombre de journalistes partagent la même colère et la même déception vis à vis de la catastrophe politique, la fin de règne que nous vivons. Ils veulent parler d’autre chose. C’est cool, tant mieux pour nous, mais ils n’ont pas à imposer leurs règles.

Il ne faut pas sous-estimer le stress que génèrent les médias, ils sont toujours en train de boucler, ils enchainent comme des malades, leurs rédactions ne leur accordant pas le temps, ni les moyens, de creuser.

Et parce qu’on a des règles hyper strictes alors que les autres les harcèlent, il y a une vraie forme de respect qui s’instaure avec #MAVOIX. Une curiosité.

Ça les énerve au début, puis ensuite ça les interpelle vraiment, ça finit par de magnifiques articles, bien plus puissants que si on avait fait des interviews ou des séances photos, parce qu’ils font leur travail en choisissant d’accorder du temps, d’exercer leur esprit critique.

La folie médiatique fait la folie politique et l’inverse.

Pas de nouvelle voie politique possible avec les mêmes règles du jeu. Le jeu médiatique nécessite du storytelling et de la personnification, et on n’en parle pas assez, mettrait de la tension entre les contributrices et contributeurs de #MAVOIX (comme il en met de façon hallucinante entre les politiques), alors qu’on fait tout pour en enlever.

C’est le même process et la même finalité pour le choix du tirage au sort : une voix égale une voix. Pourquoi ce serait plutôt l’un ou l’une qui parlerait ? Au bout de 2 interview, de l’un.e ou l’autre, vous verriez les gens s’étriper pour être le prochain sous les spotlights.

Alors que si chacun parle, sur sa part de voix personnelle en ligne, comme en vrai, incarne l’expérimentation #MAVOIX à son niveau, et qu’on agrège tout cela, cela démultiplie l’audience de façon incroyable.

Il suffit de regarder l’audience des vidéos #MAVOIX pour se rendre compte que c’est mieux qu’un JT. Et c’est notre message. Il n’est pas caricaturé. C’est du vrai. C’est à l’image de ce qu’est #MAVOIX. C’est co-construit. Ce sont des vrais gens, qui sont eux-mêmes et pas des représentants de X ou Y…

Nous sommes médias. Plus qu’à aucun moment de l’histoire, nous pouvons produire notre contenu. Profitons en ! C’est aussi pour cela que nous essayons de faire des films, des live, des photos. Et on a un contenu de fou avec toutes ces magnifiques candidatures au tirage au sort du 6 mai 2017…

C’est à nous de fixer la règle du jeu. A personne de nous l’imposer.

C’est ce qui a rendu si forts les reportages qui ont été faits à Strasbourg. Les journalistes se sont déplacés pour voir par eux-mêmes ce qu’il se passait. Au lieu d’en faire une brève ou une caricature.

Et oui, ce jour-là, à Strasbourg, il y avait 10 journalistes pour 10 femmes et hommes de #MAVOIX, et c’est ça qui est cool. C’est la réalité. La vérité de #MAVOIX à un instant T. Pas besoin de bourrer les salles de gens pour faire semblant. La vérité, c’est que #MAVOIX, ce sont des femmes et des hommes sans moyen, qui sont en train de construire aux 4 coins de la France une aventure incroyable.

Il n’y a pas de représentant.e de #MAVOIX, comme les député.e.s #MAVOIX ne seront pas les représentant.e.s des citoyen.ne.s. C’est bien pour sortir de la notion de représentation qu’on fait tout ça. Une voix égale une voix.

Que chacun incarne ce qu’il est, ce en quoi il croît. Qu’il n’ait jamais la pression du collectif. Pas la peine d’être le plus beau, d’avoir le plus de réseau, de parler le mieux.

À ce jeu là, ce sont toujours les mêmes qui gagnent, et c’est nocif pour toute aventure qui se veut collective.

Pas d’interview hors des réunions collectives pour incarner horizontalement. C’est la seule manière de nous protéger nous-mêmes des pétages de plombs que provoquent le « vu à la télé », les médias, qui font des ravages. Et c’est aussi la meilleure façon de protéger ensemble l’expérimentation #MAVOIX de la caricature, des attaques personnelles.

On dit tous des conneries. Ce qui est important, c’est de pouvoir les assumer chacun.e vis à vis de nos potes et de nos proches, sur nos réseaux sociaux. La ligne de conduite de #MAVOIX vis-à-vis des médias est aussi faite pour préserver notre liberté de parole, garder notre liberté d’expression.

Pour qu’on puisse assumer nos tweets d’il y a 5 ans. Puisque ce qu’on dit nous engage nous et personne d’autre. Rester nous-mêmes. Assumer notre passé, notre présent, et notre futur aussi.

Travailler ensemble.

C’est ça aussi qui fait le côté inédit de l’expérimentation.

Faire, faire et ne pas se raconter. Ne pas se la raconter.

C’est #MAVOIX.